lundi 23 juillet 2007

M'r'vlà !!! (me revoilà)























































Ben oui, ben oui, il nous en a fallu du temps pour revenir de Mada... Eh bien non, une heure et demie à tout casser. C'est juste qu'entre le boulot, les week-ends chargés et une panne informatique qui ne s'est pas laissé facilement abattre, eh bien j'ai totalement délaissé le blog.
Alors aujourd'hui, je serais bien en peine d'être exhaustif sur nos aventures depuis notre fameux départ pour Mada. En bon synthétiseur (non pas l'instrument), je vais procéder par thèmes.

Madagascar. Trois semaines de dépaysement total, ô bonheur d'un pays aussi splendide que misérable, tellement varié et tellement vivant. Les paysages, dénichés au détour de plus de 1000 km en taxi-brousse, en chaussures de marche, en pirogue à voile, en charrette à zébu, en pousse-pousse, en train.... des vallées tapissées de rizières verdoyantes et de villages de cases rouges comme la terre qui affleure sur les croûtes érodées des versants, rouges comme les pistes caillouteuses qui s'écartent du ruban d'asphalte... cette route de bitume, cette fameuse RN7 que nous avons suivie de Tana la capitale jusqu'à Tuléar au sud-ouest...
Tana la foisonnante de vie et de misère, sa charmante et tortueuse ville haute surplombant des bidonvilles que nous n'avons pas même pénétrés...


Tant d'images, tant d'ambiances, tant de visages de gamins souriants jusqu'aux oreilles, demandant un stylo, une savonnette, de l'argent et que sais-je encore... mais jouant et respirant la joie jusqu'à plus soif. Sur notre parcours, nous avons vu une grande pauvreté mais pas cette famine maladive qui ronge la vie.
Allez deux, trois anecdotes en vrac. Comme cette journée road-movie par exemple. Du départ à l'aube dans le décor de savane du massif de l'Isalo, avec à l'horizon les premiers rayons qui pointent sur ce massif de grès tout en jeux de lumières appelé le Colorado malgache. Départ donc en taxi-brousse jusqu'à Tuléar plusieurs centaines de kilomètres là bas au sud-ouest, en passant par Ilakaka, la ville du saphir, une ville champignon genre far-west née il y a quelques années à peine au milieu de nulle part. Tout autour les trous de tous ces chercheurs d'or, chauffeurs de taxi ou paysans qui ont abandonné leur métier pour tenter cette ruée vers les pierres bleues... dans des tunnels de fortune souvent assassins... Le long de la route, des baobabs, quelques villages perdus dans cette immensité, puis une végétation qui renaît, toute sèche car nous arrivons au sud, jusqu'à la mangroce de Tuléar... Nous quittons le taxi-brousse pour un pousse-pousse, une course à quelques dizaines de centimes, tiré par un homme aux pieds nus sur la terre, direction le petit port... là, nous grimpons avec nos gros sacs sur une charrette à zébu direction... la mer ! eh oui, à marée basse, en l'absence d'embarcadère, l'embarquement à bord des bateaux se fait en charrette ! Image et instant inoubliables de ce paysan au bonnet, motivant d'une mauvaise branche et d'un cri sec les deux bêtes à corne avec de l'eau jusqu'au haut des pattes... la charrette avançant dans la mer avec nous derrière... jusqu'à ce fameux bateau à moteur... un bateau qui nous a fait des frayeurs, avançant dans une mer ultra-agitée, sans même un gilet de sauvetage à bord, et nous, souriant jaune, bien accrochés à notre angoisse d'y rester ou de valser tant les secousses étaient musclées... pour finalement poser le pied une heure plus tard, sains et saufs, sur le sable blanc d'un coin de paradis au bord du canal du Mozambique... des bungalows en bois donnant directement sur le lagon d'Anakao, avec une petite île superbe à l'horizon... Après s'être levé tantôt sur l'Isalo, rappelez-vous, il pouvait alors bien se coucher, ce fameux soleil qui sublime de ses tons tous les paysages de l'île : nous étions prêts à savourer sa descente, d'un décor de rêve à l'autre... avec pour nous doucher, des cruches et des seaux d'eau chauffée en four... solaire bien sûr ! Ce lagon, point de final de notre périple, hors du temps avec ses dizaines et dizaines de pirogues à voile tout en bois, dignes du meilleur Thalassa, lieu de vie de ces incroyables pêcheurs vezo... ce village aux maisons en bois sur pilotis où les langoustes se dégustent à trois euros et où de merveilleux coquillages inondent la plage...
Bref, je m'arrêterai là, tant les autres journées pourraient mériter les mêmes éloges. Un périple de dix heures en train brinquebalant dans la forêt tropicale humide, à travers dix-sept étapes comme autant de villages reliés au monde par ces seuls rails... ces gens acourant aux vitres des wagons pour vous vendre le moindre écrevisse, le moindre beignet à la banane et autres petites saucisses.... Ou ce village de pêcheurs coincé entre le canal des Pangalanes et l'océn indien, côté Est cette fois, où les habitants sèchent leur riz sur de grands tapis de vacoa tressé, rapent la coco avec un ustensile bizarre pour le poulet du midi, tissent eux-mêmes leurs filets de pêche en attendant le retour des pêcheurs justement... des pêcheurs qui partent en pleine mer avec de simples pirogues en bois, creusées par leurs soins, pagayant comme des fous pour ne pas chavirer pour finalement revenir bredouilles non sans avoir démontré leurs talents de piroguiers-surfeurs dans les vagues.... jusqu'à cette partie de foot improvisée avec les gamins sur le sable, avec comme ballon une boule de plastique serrée de corde....


Je pourrais vous parler aussi des courses-poursuites aux lémuriens nocturnes à la frontale, des sollicitations incessantes des malgaches envers nous les vazahas (étrangers) et leurs regards ahuris dans les campagnes, les gamins, encore les gamins, les marchés qui pullulent de fruits et légumes, de bouts de viandes et de poissons (mal)odorantes et pleins de mouches, les rues pleines d'échoppes d'un autre âge... réparateurs de vélo, soudeurs, coiffeurs dans un coin de case, vendeurs de petits tas de charbons et de fagotins de bois... De ces sculpteurs orfèvres du bois... des marchandages à tout coin de rue... de ces pistes cabossées... de ces délicieuses brochettes de zébu... de ces forêts remplies de ravenales, ces arbres du voyageur emblèmes de Madagascar... de cette rando-bivouac dans le parc minéral de l'Andringitra et du sketch cahotique en taxi-brousse pour y parvenir... de ces pileuses de maïs... des champs de coton et des chargements dantesques des taxi-brousses...
Allez j'arrête là... et je termine en vous avouant notre énorme frustration : au pays le plus photogénique qui soit, notre piètre appareil photo numérique nous a lâchés très très vite, nous obligeant à dénicher un ou deux machins jetables vomissant des photos trop pâles et mal cadrées, ou même des photos prises, honte à nous, au téléphone portable.... alors je vous en mets quelques-unes quand même... sachant qu'on en a récupéré des fantastiques prises par un Italien fan de photo (et très doué) qui a suivi notre route durant quelques jours...